Le 11 janvier 2015, quelques arbres en travers de la route entre San Cristóbal et Palenque suffirent à paralyser un des axes les plus visités du Mexique. Ce blocage a été organisé par les ejidatarios de San Sebastián Bachajón, adhérents à la Sixième déclaration de la forêt Lacandone, dans la zone nord du Chiapas.
Avec ses soixante-dix mille hectares, San Sebastián Bachajón est l’un des plus grands ejidos du Mexique. L’accès aux cascades d’Agua Azul, un des principaux attraits touristiques du Chiapas, passe par ces terres collectives.
Le 21 décembre 2014, jour inaugural du premier festival mondial des résistances et des rebellions contre le capitalisme, plus de quatre cent femmes, hommes, enfants réoccupent de manière pacifique leurs terres ejidales. Le 30 décembre, le gouvernement du Chiapas brandit une menace d’expulsion et promet d’arrêter tous ceux qui feraient entrave aux forces de l’ordre. Les menaces n’y font rien, les terres ejidales appartiennent aux ejidatarios, un point c’est tout. La réponse gouvernementale ne tarde pas. Le 9 janvier 2015, neuf cent policiers sont mobilisés pour les déloger une nouvelle fois.
Le lendemain, depuis les terres communales de San Sebastián Bachajón, ils déclareront dans un communiqué : « Nous voulons dire au mauvais gouvernement (…) que notre terre n’est pas à vendre ; sur notre territoire, ils ne feront pas leur grand projet d’écotourisme et d’autoroute, nous n’allons pas permettre que les communautés soient déplacées et que cela augmente la pauvreté seulement pour que vous vous enrichissiez au détriment de notre souffrance. » Le 11 janvier, ils bloquent le croisement qui mène a Agua Azul. Au petit matin, la police tire à balles réelles pour tenter de lever les barrages. Trois ejidatarios sont blessés mais quelques heures plus tard, c’est à la police de reculer. La route San Cristóbal – Palenque reste bloquée. Les compas de Bachajon exigent le retrait immédiat des forces policières. Ils ordonnent au comisariado officiel de ne pas remettre ces terres au gouvernement. La pression monte. La situation devient explosive.
Dès le lendemain, une brigade internationale de solidarité se met en place : trois américains, deux colombiens et deux français. Les médias libres sont déjà sur place pour relayer l’information la plus précise possible et tordre le coup à la désinformation des grands journaux nationaux. Cette brigade a été imaginée dans l’idée de temporiser et si possible, empêcher que la situation ne dégénère trop. Mais surtout apporter une aide morale aux compas qui luttent depuis plus de trois semaine sans discontinuer. Être à leurs côtés, avec eux.
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